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ConflitsMoyen-Orient

6è mois d'horreurs dans le conlit entre Israël et le Hamas

Sandrine Blanchard | Avec agences
7 mars 2024

La situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique. Les deux parties belligérantes sont soupçonnées par l'Onu de crimes graves.

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Des Palestiniens dans des ruines après une attaque israélienne sur Khan Younès, dans la bande de Gaza (photo du 06.03.24)
La détresse des civils est grande, dans la bande de GazaImage : Mohammed Dahman/AP/picture alliance

Il y a cinq mois, le 7 octobre, une attaque terroriste conduite par des commandos du Hamas, infiltrés depuis la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, coûtait la vie à au moins 1.160 personnes, la plupart des civils. Les Nations unies ont livré, ce lundi (4 mars), un rapport qui conclut que des cas de viols et viols en réunion ont été commis par les auteurs des attaques du 7 octobre.

Cinq mois plus tard, la riposte israélienne dans la bande de Gaza a entraîné plusieurs dizaines de milliers de morts.

La situation humanitaire continue de se dégrader dans la bande de Gaza, qui est assiégée. De nombreux civils sont menacés par la famine. Les espoirs de trêve se sont éloignés avec le départ de la délégation du Hamas de la table des négociations, au Caire. Et ce, à quelques jours seulement du début du ramadan.

Une femme au milieu de portraits de victimes du Hamas et de drapeaux israéliens à Reim (photo du 5 mars 2024)
Dans le kibboutz de Reim, une femme visite l'endroit où des centaines de participants à un festival de musique ont été tués par le Hamas, le 7 octobre dernier Image : Leo Correa/AP/dpa/picture alliance

Suspension des discussions au Caire

La délégation du Hamas a quitté les discussions au Caire pour des "consultations".

La capitale égyptienne accueille des discussions depuis dimanche dernier, en l'absence de représentant israélien.

Organisées sous l'égide de l'Egypte, du Qatar et des Etats-Unis, l'objectif premier des négociations était d'obtenir une trêve. Le Hamas devait s'engager à libérer des otages israéliens retenus à Gaza depuis le 7 octobre, en échange de l'assurance par Israël qu'il laisserait entrer davantage de camions humanitaires dans le territoire palestinien totalement assiégé par son armée.

Mais les Israéliens ne proposent qu'une trêve de six semaines alors que le Hamas réclame un cessez-le-feu durable.

Catastrophe humanitaire

Um Nihad Abu Kumbaz, une Palestinienne déplacée de Gaza, fait part de son désarroi : "Nous ne voyons ni espoir, ni sécurité, ni quoi que ce soit d'autre", dit-il. "Nous voulons une solution. Chaque jour apporte son lot de martyrs, de fosses communes."

D'après les Nations unies, la plupart des Gazaouis, soit 2,2 millions de personnes, sont menacés de famine.

A son retour de mission, le coordinateur humanitaire de l'Onu, James Mc Goldrick, a témoigné mercredi (6 mars) de l'horreur de la situation qu'il a constatée sur le terrain : les besoins se chiffrent à 300 camions du Programme alimentaire mondial par jour, mais à peine la moitié parvient à rentrer dans la bande de Gaza. Le chargement est alors pris d'assaut par la population affamée.

Des repas largués avec des parachutes sur la bande de Gaza
Des repas sont largués depuis les airs sur la bande de GazaImage : Jordanian Armed Force Website/dpa/picture alliance

Ce jeudi, des avions militaires de Jordanie, des Etats-Unis, de la Belgique, de la France et de l'Egypte ont procédé à de nouveaux largages aériens d'aide sur Gaza. 
Plus de 38.000 repas ont ainsi pu être largués depuis les airs. 

"Et comme le ramadan approche, précise James Mc Goldrick, on se rend compte à quel point les gens sont désespérés. Les gens cherchent un moyen de revenir à la normale, à quelque chose de plus stable et de plus certain. Nous espérons que cela se produira dans un avenir proche et que nous obtiendrons une sorte de pause qui nous permettra de stabiliser la santé et la sécurité alimentaire des populations. C'est ce que nous espérons dans les semaines à venir".

Un "retour à la vie normale", c'est effectivement ce dont dit rêver cette autre Palestinienne déplacée, Iman Zakout : "Je n'ai plus de maison. Tous mes enfants sont malades. Hier, je ne me sentais pas bien non plus. Je ne trouve pas les médicaments nécessaires. J'ai dû mendier pour obtenir des médicaments. A cause des mouches, je me suis réveillée pour tout nettoyer et désinfecter."

En empêchant l'acheminement de l'aide pour affamer des civils et en bombardant des zones habitées sans distinction, l'armée israélienne est soupçonnée de violations du droit international.

Des enfants attendent des distributions de nourriture à Rafah (photo du 5 mars 2024)
Des initiatives citoyennes se mettent en place pour aider les civils, comme ici, à RafahImage : Mohammed Abed/AFP

La position de l'Allemagne

L'Allemagne continue de proclamer le droit de l'Etat d'Israël à se défendre contre une agression du Hamas. Mais désormais, Berlin réaffirme la nécessité de ne pas viser les civils.

Udo Bullmann, eurodéputé SPD, s'est rendu au poste-frontière de Rafah, côté égyptien, et en Israël. A son retour, il a accordé une interview à nos confrères de Deutschlandfunk, dans laquelle il déclare :

"Nous devons faire en sorte que la situation humanitaire s'améliore immédiatement. Cela ne sera possible qu'avec un cessez-le-feu. Tout le monde le dit. Y compris, bien sûr, les Nations unies. Mais désormais, les Etats-Unis aussi exigent une trêve pour qu'il n'y ait plus tous ces morts civils. Et il faut aussi une trêve pour enfin libérer les otages [israéliens] qui souffrent depuis le 7 octobre."

Portrait de l'eurodéputé allemand Udo Bullmann (SPD)
L'eurodéputé allemand Udo Bullman préconise de discuter avec les deux parties belligérantesImage : Udo Bullmann/Europaparlament

Des combattants du Hamas soupçonnés de viol

En début de semaine, des experts de l'Onu ont affirmé qu'il existait par ailleurs des "motifs raisonnables" de croire que le Hamas a commis des viols, des "tortures à caractère sexuel" et d'autres traitements cruels et inhumains à l'encontre des femmes, lors de son attaque terroriste du 7 octobre contre Israël.

Il existe également des "motifs raisonnables de croire que ces violences se poursuivent", selon Pramila Patten, l'envoyée des Nations unies chargée de la question des violences sexuelles dans les conflits.

Elle s'est rendue en Israël et en Cisjordanie du 29 janvier au 14 février, avec une équipe de neuf personnes pour recueillir des témoignages, notamment auprès d'otages israéliens libérés.

Orit Sulitzeanu, directrice exécutive de l'Association des centres d'aide aux victimes de viol en Israël, affirme que son organisation a été très heureuse de lire le rapport des Nations Unies : "En fait, c'est la première fois qu'un organisme international reconnaît ce qui s'est passé en Israël, déclare-t-elle. Le monde nie en bloc que la violence sexuelle ait été utilisée comme arme de guerre)). Les terroristes du Hamas ont en effet violé. Ils ont violé collectivement et mutilé des femmes et des hommes. C'est la première fois que le monde entier se rend compte que c'est un fait, un fait horrible, horrible".

Parler aux deux parties

Pour l'eurodéputé allemand Udo Bullmann (SPD), durant ces dernières décennies, le conflit israélo-palestinien a rarement été "autant dans l'impasse". Selon lui, les Européens doivent discuter avec les deux parties belligérantes.

"Nous devons utiliser nos moyens de pression en tant que partenaires économiques, suggère l'élu. Nos contrats prévoient que les signataires doivent respecter les droits humains. Les deux parties doivent comprendre que l'Union européenne et l'Allemagne prennent la situation très au sérieux."

Le conflit ouvert dans la bande de Gaza entre aujourd'hui dans son sixième mois.