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"L'approvisionnement à Goma s'est vraiment dégradé"

15 février 2024

La correspondante de la DW à Goma décrit une situation très inquiétante sur place, entre problème d'approvisionnement en nourriture et "paranoïa" face aux problèmes sécuritaires.

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Des milliers de personnes -avec des sacs sur le dos, des chèvres et des camions- fuyant le conflit entre les forces gouvernementales et les rebelles du M-23 atteignent l'entrée de la ville de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, mercredi 7 février 2024
Des milliers de personnes affluent à GomaImage : Moses Sawasawa/AP/picture alliance

Alors que, face aux combats, des milliers d'habitants de Sake ont rejoint Goma en République du Congo, que les camps des réfugiés insalubres s'accumulent, la correspondante de la DW dans la ville décrit, ce jeudi 15 février, une situation toujours plus dramatique. Dans lejournal de 17hTU, elle évoque le manque de nourriture, l'inflation et les craintes des habitants sur place.

"L'approvisionnement en ville de Goma s'est vraiment dégradé depuis que la route de desserte agricole Sake-Minova est coupée", raconte Ruth Alonga. "C'était la seule qui restait à la ville de Goma après que l'autre route de desserte Goma-Rutshuru au nord a été aussi coupée en 2022". Notre correspondante raconte qu'ainsi plus de 2 millions d'habitants de la ville de Goma doivent désormais se nourrir avec des denrées venant du Rwanda. "Mais cela semble très insuffisante pour la population locale parce que les produits alimentaires ont carrément doublé de prix et diminué sur le marché". Exemple : une mesure de haricots qui pouvait coûter 4000 francs congolais coûte à présent 8000 à 10.000 francs. "Si la situation perdure, bien sûr, ça va être catastrophique sur le plan approvisionnement", explique notre journaliste.

Trafic normal à la frontière

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Concernant la situation à la frontière avec le Rwanda, le trafic est "plus que normal". Du côté du Rwanda, le dispositif militaire a été renforcé de façon impressionnante, avec des chars, avec des militaires présent 24h/24, avec des armes pointées et dirigées vers le Congo. Mais "comme à l'accoutumée, disons que la population s'est déjà habituée à la restriction imposée par le gouvernement de Kinshasa", raconte Ruth Alonga. "Même la population du Rwanda s'est déjà habituée et seulement quelques Congolais affichent une certaine peur en traversant vers les pays voisins".

Beaucoup craignent en revanche de façon démesurée de rencontrer des voisins rwandais. "Parce que pour eux, un Rwandais, c'est le prototype d'un terroriste ou d'un agresseur. Déjà depuis que quelques présumés sujets infiltrés M23 ont été interceptés dans la cité de Sake, la population de la ville de Goma est restée convaincue qu'il y en aurait aussi à Goma. Et cela a créé une paranoïa un peu complexe au sein de la population".