1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La grogne des motocyclistes à Goma en RDC

Zanem Nety Zaidi
30 janvier 2024

Pour des raisons de sécurité, les autorités provinciales ont décidé d'interdire la circulation des motos à partir de 18 h 00. La mesure passe mal.

https://p.dw.com/p/4bp2I
Goma après une manifestation des populations.
La ville de Goma fait face à une insécurité grandissante. Près de Sake, à la sortie ouest de Goma, des affrontements ont eu lieu dimanche entre les FARDC et les rebelles du M23, qui encerclent depuis plusieurs mois la ville.Image : Arlette Bashizi/REUTERS

Le collectif des motocyclistes a appelé à une journée sans motos ce lundi 29 janvier pour dénoncer la mesure prise par le gouverneur militaire du Nord-Kivu et le maire de la ville de Goma, réduisant la circulation des motos jusqu'à 17 h 00. 

“Nous, conducteurs de moto-taxi, exercions notre métier dans la tranquillité. Nous sommes surpris par cette nouvelle décision du maire de Goma nous demandant d'être à la maison à 17 heures, alors que notre travail, qui nous permet de subvenir aux besoins de nos familles, est lié à la moto", Balume Aaron, conducteur de taxi-moto", a déploré Balume Aaron, conducteur de taxi-moto.

Les habitants de Goma disent faire face à des difficultés quotidiennement. “Les conducteurs de bus en commun en profitent pour doubler ou tripler le prix de la course. Que fait l'État pour protéger la population ? C'est la grande question qui tourmente nos esprits face à cette situation. Nous pensons que l'autorité a sauté des étapes. Elle devrait maîtriser le transport avant d'imposer des heures aux conducteurs de taxi-moto", a expliqué Salem Mirindi, habitant de Goma.

 Vue aérienne de la ville de Goma.
Deux territoires du Nord-Kivu (dont Goma est le chef-lieu), Rutshuru et Masisi, sont en proie depuis fin 2021 à un conflit qui oppose la rébellion du M23, appuyée par des unités de l'armée rwandaise, aux FARDC (Forces armées de la RDC), associée à des groupes armés, des supplétifs burundais, et deux sociétés militaires étrangères.Image : Ben Curtis/AP/picture alliance

Privation des libertés

Les défenseurs des droits humains de Goma haussent le ton face à cette décision.

Bob Lwaboshi, activiste engagé, déclare que la mesure viole plusieurs droits fondamentaux, y compris le droit de circuler librement, comme stipulé dans la Constitution du pays. Il appelle les autorités à suspendre cette mesure qui, selon lui, impacte sérieusement la vie socio-économique.

“Nous considérons que c'est une violation tacite des droits inhérents à la personne, notamment la violation des droits de l'homme, mais aussi la violation tacite de l'article 30 de la constitution de notre pays qui dispose que toute personne a le droit de circuler librement sur toute l'étendue de la RDC. Nous demandons à l'autorité urbaine de lever cette mesure que nous trouvons inopportune, car elle affecte la situation socio-économique de la population de la ville de Goma", s'est plaint Bob Lwaboshi.

Lorsque la manifestation a été annoncée vendredi dernier (26.01.2023), le maire de Goma l'avait interdite, appelant la population à vaquer librement à ses occupations. Cet appel du maire n'a pas été suivi lundi, puisque les activités socio-économiques ont été paralysées.