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Wagner et son implantation en Centrafrique

Carole Assignon | Sandrine Blanchard
28 juin 2023

Depuis 2018, l'année où le groupe Wagner a commencé à s'implanter en République centrafricaine, les actions des mercenaires sont scrutées de près.

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Le président Touadera protégé par les combattants de Wagner lors d'un meeting
Le président Touadera est protégé par les combattants de WagnerImage : Xinhua/picture alliance

Tout est parti d'une première livraison d'armes au profit du pouvoir centrafricain. Depuis, les paramilitaires n'ont cessé de se rendre indispensables au réarmement, à sa sécurisation ou encore à la lutte contre les rebelles qui déstabilisent le pays.

Mais rapidement, la brutalité des mercenaires de Wagner a fait l'objet de plaintes. De nombreuses voix ne cessent de dénoncer les vols, arrestations arbitraires, tortures ou exécutions sommaires.

Enfin, il y a le pillage des ressources minières du pays par Wagner qui ne serait pas, pour certains, dans l'intérêt de la Centrafrique. 

Des pressions

Selon Adrien Poussou, ancien ministre de la Communication et de la réconciliation nationale sous la transition de l'ancien chef d'Etat Michel Djotodia, l'implantation de Wagner en Centrafrique s'est d'ailleurs faite sous la pression.

Selon lui, le président Faustin-Archange Touadéra a été menacé par Evgueni Prigojine, le patron de Wagner.

"Le président Touadéra s'est vu menacer" Adrien Poussou

"Les accords de Khartoum, c'était sous l'instigation de Prigojine qui avait apporté dans son avion un exemplaire de cet accord à Bangui pour que le président Touadéra puisse le parapher avant de le contraindre à aller à Khartoum pour signer cet accord avec les groupes armés. Le président Touadéra s'est vu menacer, on l'a non seulement forcé à intégrer ces groupes armés dans son gouvernement, mais on lui a proposé un deal au détriment de l'Etat centrafricain : concernant l'exploitation des ressources de la République centrafricaine, Wagner allait prélever 30 %, les groupes armés 30% et l'Etat 40%", précise Adrien Poussou.

L'accord de paix de Khartoum, signé en 2019 entre le gouvernement centrafricain et certains groupes armés, avait pour but d'entériner le processus de paix entamé depuis 2012.

De la propagande

L'année passée, l'hebdomadaire Jeune Afrique était revenu sur les dessous de la signature de l'accord de Khartoum et le rôle d'Evgueni Prigojine.

Il aurait d'une certaine façon imposé un partenariat et un partage des ressources préfecture par préfecture entre les groupes armés, Wagner et le gouvernement en place.

"Tout ça c'est de la propagande" Fidele Gouandjika

Toutefois, pour Fidele Gouandjika, ministre et conseiller spécial du président de la République centrafricaine, le chef de l'Etat n'a jamais été forcé de signer un quelconque accord, notamment en ce qui concerne le partage des ressources minières du pays.

" La République centrafricaine dispose d'un code minier. Chez nous, il y a des Russes, des Roumains, des Français, des Américains, des Anglais, des Africains et des Centrafricains qui ont des concessions minières et qui opèrent en toute légalité. Tout ça c'est de la propagande", assure-t-il.

Alors que des interrogations demeurent sur l'avenir même de Wagner, suite à la mutinerie avortée de son chef Evguéni Prigojine, les relations entre le groupe et Bangui semblent pour le moment inchangées. 

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique
Sandrine Blanchard Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique